Un Roman Français, Fréderic Beigbeder, 2009

Zone Critique revient sur le dernier roman de Frédéric Beigbeder, Un roman français.

André Gide disait dans Les Faux-Monnayeurs : ‘Je suis bâti sur pilotis : ni fondations ni sous sol’. Frédéric Beigbeder reprend à son compte cette citation dans son dernier livre, Un roman français. Celui-ci décide en effet de partir à la recherche de ses souvenirs d’enfance évanouis, après qu’une incarcération lui ait ravivé la mémoire.

Si le postulat selon lequel Beigbeder aurait décidé d’écrire sur son enfance à cause d’une arrestation est friable, car difficile à croire, le style efficace de l’ancien publicitaire séduit : ‘J’ai décidé de mourir à 33 ans. C’est un bon âge pour ressusciter’. Mais au delà du sens de la formule, si la langue est limpide et épurée, c’est parce que Beigbeder ne se voile pas derrière des artifices de langage. Au contraire il se dit sans fard : il en devient crédible, pitoyable, attachant.

Frédéric Beigbeder se raconte donc dans sa course aux souvenirs : Le silence de Neuilly (‘Il est difficile de se remettre d’une enfance malheureuse. Mais il est impossible de se remettre d’une enfance protégée’). Son amour du Pays basque. Sa famille qu’il n’a pas toujours compris. Son frère qu’il admire sans limite. Son adolescence détruite par son insuccès féminin. Son milieu social dans ses codes et ses mutations. Cette plongée dans le souvenir se double du récit ennuyeux de ses démêlés avec la police. On peine à comprendre sa souffrance . On peine à apprécier son dandysme. On rie un peu.

Mais on lui pardonne. Car que veut-il prouver dans sa course aux souvenirs ? Pour certains, qu’il peut faire autre chose que divertir. Il y a sans doute du vrai. Pari réussi puisqu’il a obtenu le prix Renaudot. Pour moi il prouve d’abord qu’il est écrivain : c’est par l’écriture qu’il dit son mal-être et son incompréhension. Et qu’il trouve des solutions. ‘Toute ma vie j’ai évité d’écrire ce livre’. C’est la libération par l’écriture. Le bilan d’un homme. Le roman d’une vie. Entre Les mots de Jean Paul Sartre et l’Alchimiste de Paolo Coelho. L’auteur se cherche pour finalement se retrouver : aussi, jamais plus ne ressortira-t-il si beau roman.

Sébastien Reynaud


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