Au petit jour

Le désir se loge entre la lèvre supérieure et la lèvre inférieure. Non qu’il creuse cet espace pour s’y coucher, mais plutôt qu’il réside dans l’instant suprême : celui du décollement des lèvres. À ce titre, chaque désir est l’inverse d’une éclipse. Bienvenue dans le Dimanche Rose, avec Laetitia Gillard. 

Illustration : © Sans titre, cyanotype et techniques mixtes sur papier, 2022 (Création de Laetitia Gillard – compte d’artiste : @laetitia_g_artiste)

Yona l’a enfermée dans sa bouche, avalée toute ronde. Elle la mange et la recrache, c’est un plaisir non-coupable qu’elle s’excite à stimuler sans relâche. Lucie impose sa lumière dans l’obscurité chatoyante de la salle de bain… L’aurore lui glisse sur la peau, prête à être cueillie.
C’est indécent d’apparaître si belle au sortir de la douche. Les gouttes mêlées à ses grains de beauté forment d’ultimes étoiles en pagaille, le long de ses reins.
Yona n’en finit pas de goûter à cette subtile rosée qu’elle lape en remontant jusqu’au bout des seins. Et voilà qu’éclate l’aurore, incandescente et envahissante. Elle jaillit à partir du bassin de Lucie, illumine son regard embrumé. Un cri de jouissance fleurit dans ce petit matin, tel un bourgeon qui éclate enfin. Des pétales humides se sont déposés sur l’astre pubien. Vite, vite, éteindre l’étreinte solaire de sa bouche carmin. Avant que le jour ne s’installe pour de bon. Avant que ne fane ce délicieux instant d’éternité…


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