Le peintre présente sa deuxième exposition à la galerie Lazarew à Paris. Une ode à la joute et aux jeux en une quinzaine de toiles douces-amères.
C’est un taureau fantomatique en train de charger, ses deux cornes élancées vers la gauche, déferlant telle une vague aux côtés de joueurs de cartes impassibles, qui accueille le visiteur. Mystérieux tableau où l’animal évoque avec grâce les premiers dessins de l’histoire, les vaches sauvages des murs de Lascaux, tandis que des personnages continuent de jouer, ne voyant visiblement pas le danger que la bête représente pour eux – un jeu plus important que la vie ?
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Cette question irrigue les toiles de Félix Deschamps Mak. L’artiste se fait ainsi fort de pointer la beauté alambiquée de la tauromachie en peignant plusieurs toreros vêtus de leurs costumes étincelants, dont cette toile où apparaît en filigrane la silhouette rougeâtre d’un taureau et où le détenteur de l’épée semble opérer une manipulation délicate, comme s’il était en train de coudre dans l’invisible, cheveux bleus sur la tête. Autre jeu, juste à côté : deux scènes de boxe où les visages s’entrecroisent de coups reçus et où il est difficile de distinguer qui fait mal à l’autre.
Tour de magie
De fait, les visages peints par l’artiste se déploient en autant d’énigmes où nous pouvons déceler les effets de l’âme portés aux corps
Ainsi sont les scènes peintes par Félix Deschamps Mak, porteuses d’une vibration intense où est questionné le sérieux de l’existence tout autant que l’amusement manifeste que nous pouvons nourrir devant le théâtre du monde. Son grand triptyque, exposé au fond de la galerie, fait de vert et de jaune, est ainsi éloquent : coexistent plusieurs personnages qui semblent nous dire des choses opposées, sinon contradictoires. Un trio à gauche qui paraît en plein drame quand, au centre, un jeune saltimbanque en costume d’apparat, le sourire aux lèvres, nous joue visiblement un tour de magie avec son chapeau posé au sol et, à droite, un sublime lévrier qui file, le regard serein comme un vieux sage.
De fait, les visages peints par l’artiste se déploient en autant d’énigmes où nous pouvons déceler les effets de l’âme portés aux corps. Le double portait d’un homme âgé disparaissant sous les traits de pinceaux ou celui d’une femme blonde fumant une cigarette suscitent un certain trouble en interrogeant de façon plus ou moins nette la finitude de notre vie humaine. Une question que paraît partager l’artiste qui se représente sur un autoportrait de petit format, la main sur le cœur, l’air à la fois farouche et vif, plein d’une ardeur de vivre.
- © Félix Deschamps Mak, Matador II, huile sur toile, (195 X 130cm), 2022
- « Duels » – Félix Deschamps Mak Galerie Lazarew (Du 9 mars au 21 avril), 14 rue du Perche, 75003 Paris
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